jardin en camisole est une invitation à déambuler en solo. Deux pièces investies de textiles tendus et de fils nylon, un fauteuil, une armoire, éclairage en semi pénombre, diodes et frontales.
jardin en camisole a été réalisé dans les dépendances de la maison Ponsard.
Cette villa aujourd’hui détruite était sous Contrat de Prêt à Usage entre le bailleur sociale Actis et l’association les passeurs.
De mars à novembre 2009, sous l’égide de quatre plasticiens, une maison d’édition, un écrivain, la maison Ponsard a impulsé de nombreuses rencontres dans le jardin, autour des pratiques de chacun… Vidéos, photos, lecture, poésie, installations ont été l’occasion d’un événement public fin septembre 2009 le temps d’un week-end.
………… mercredi. 24 heures passées
entrelacé de longs temps de pauses, un temps se tisse
écheveaux de pensée qui se ramifient dans l’espace, entre tension et soupir, les plis argumentent et les fils dénouent
de montagne en cascade, le blanc poursuit ses courbes jusqu’en dessous de tout
mes draps d’antan s’ébrouent dans cette image
l’aiguille martèle à petits points, accentue un dévers, une déchirure
un ourlet s’improvise
prolonge vers le sol ce qui s’attendait à être suspendu
éternise ce contre courant
contrarie ma torpeur
multiplier les points de vue et n’en retenir qu’un, prolonger le regard et abstraire ces cimes, cimaise en un horizon parfait
une attente
un retard
le corps s’emmêle dans ces gestes de silence
le souvenir d’un faux pas
un trajet de fatigue et sa quête faussée
l’esprit poursuit seul
les membres appauvrissent le tracé
reste le guide mécanique d’une habitude de l’être
celle qui longtemps faillit à l’expérience
révélation
c’est un orgasme
une gueule
une bouche bouffie de parole, une orgie d’aimer, une peau partagée
puis une ombre de disgrâce
le doute s’arc-boute en corolle
tout va bientôt s’écrouler
vent de haute mer
et voile chu dans un rictus de désespoir
rien qu’une hantise pourtant
et le miroir du fond me surprend dans cette posture
le point de vue s’épuise semble susurrer le reflet lointain
caresser encore la bobine, rituel de l’aiguillée
le fil transparent vient s’arrondir au cœur de la main, s’enrouler sous le doigt
surprise du mouvement, de cette présence à peine palpable
davantage le sentiment de sa préemption que la certitude de le saisir
il se dérobe tout autant à la vu, un rayon tendu de lumière signale subrepticement ses accroches
c’est une danse qui s’improvise
une chasse qui s’organise
juste pour la reconnaissance du terrain, le respect du savant camouflage un instant révélé
l’étreinte suivra, du fil au chat
jeudi …………
Reprendre
juste s’étonner de cette rigidité
l’air qui s’essouffle sur les plis figés
Que retrouver du balancement des formes jadis fluides ?
Y lover le souffle suivant
les épouser
les contrarier
recueillir l’évidence que dessine ces brassées textiles et serpenter dans cette voilure au risque de la déshabiller dans un geste trop volontaire
agir dans l’empathie de cette enchevêtrement
mais cette solitude dans le faire. Il me faudrait quatre mains
deux fois plus de marches et quelques ailes aussi sans trahir de silence pour autant
tenter quand même
hirondelle avant l’orage
le coin
l’angle, brisé
un passage
ne pas céder
laisser faire
……… 4 ème jour
désappointée par l’épaisseur, le poids, l’apesanteur
contacts, ancrages et autres percées ont eu raison tout le long du jour de cette patience à Ponsard
la pièce étreint, retient
quatre murs étaux, quand ce n’est plus cette peau de concentration, de recueillement
face aux volutes figées de la matière, les pensées ont pliés
le repos de l’écrit tempère la traversée
heures et jours se comptent en mots et diffèrent le corps à corps
plus tard
juste respecter l’élan dans sa généreuse ampleur
le raviver et l’anéantir à la fois, tel un souvenir récurrent
une panique
la mémoire d’une tragédie
c’est une querelle d’enfant
un tableau noir couvert de signe, une veille de fin d’année
puis tout s’enchaîne
une trame complexe s’impose, l’action conduit et retient chaque pas, contournements incessants et retenue nécessaire dans le déplacement, frôler les murs et sentir glisser sur soi cet habit invisible
être dedans
ni accueillie, ni invitée
être en prise
être au cœur
Bâtir alentour, trahir les pourtours, renoncer à l’écrin, mépriser la solitude intérieure, la chambre est peuplée, habitée
……… 5 ème jour
heureusement l’épopée à cette heure porte en elle les étapes d’une progression
ce sera comme une mélancolie
où que j’éprouve le regard, des estuaires ligués rassemblent les pents de tissus en stries de nylon résignées
une cartographie soigneusement peignées déploie une géographie hors nature
les quadrillages de liens participent à cette lecture
espace déployé ou vastitude ramassée dans un parallélépipède
trognon de pomme froissé dans une portion de carte IGN
je multiplie les parallèles
mais l’avancée s’y prêtre avec tant de duplicité
et bientôt viendra la fatigue, voire l’anéantissement
il restera probablement ce sentiment de dupe
la tête basculant en arrière et dans un éblouissement feint, clore les paupières en un renoncement
taire alors cette règle de lenteur, sentinelle de labeur
complice dans la mise en œuvre
et s’extraire de cette retraite
………… vendredi
un long temps plus tard
suspendu aux désordres des jours et sans même avoir su le prévoir,
c’est le pas,
multiplié ailleurs, dans les ascensions interminables,
qui s’extasie ici
pas à franchir
celui qui ouvre
autre brèche
sillon sur la carte, sentier à l’esprit
la caresse inquiète du regard scrute les enfilades,
étendages crémeux et horizons précaires
là se niche la vertu de cette tentative
dans cette ponctuation fuyante de l’éphémère expérience